Tuesday, September 8, 2009

Où as-tu mis le corps?

25.08.09
LE MONDE CHRONIQUES


Ca y est ! Il fait 29-30° à Jérusalem ! Les températures sont “en chute” et on supporterait sa petite laine… On sent surtout que l’année 5769 s’en va… tout doucement sans faire de bruit. Les rumeurs, le chaos, ce sont les autres. Que ferait-on si l’on ne pouvait plus médire en paix pour faire un peu, beaucoup, passionnément la guerre, en évitant de s’attaquer à ses propres déviances ?


Ce 25/12 août, l’icône de la Vierge sera portée en procession jusqu’au pied du mont des Oliviers, dans la tombe où aurait reposé la Mère de Jésus avant d’être enlevée au ciel (Dormition, le 28/8 = Assomption). Ici, il est naturel de “monter”, ce qui, en hébreu se dit “aliyah: montée, aller au pupitre faire la lecture biblique, immigrer en Israël, pousser, s’ériger, érecter”. Comme si, lors de la mort, l’âme se séparait d’un corps voué à disparaître. C’est impensable pour la foi orthodoxe et juive qui refuse l’incinération des corps humains. Le catholicisme et d’autres chrétiens adoptent des positions moins incarnées sur la future résurrection des êtres.

Le prêtre russe Georgiy Florovsky souligna (comme les Pères de l’Eglise) que “l’âme habite le corps”. Sans cela, nous serions des “fantômes”. Je passe mon temps à expliquer le plus sérieusement du monde que notre vie spirituelle existe précisément parce que notre âme est hébergée dans notre corps et non l’inverse. Cela nous dessine dans un espace, une culture, un pays, à un moment de l’histoire, pour être et paraître. Nous ne sommes pas des automates. Notre corps n’est pas logé dans notre âme/esprit. Dans la tradition juive, la vie charnelle incite à admirer la beauté . Certes, il est primordial que le corps ne s’enflamme pas par une hypophyse en surchauffe. Il peut être utile de faire bon usage du genre que l’on a reçu, au fond, comme un appel à la vie.

Mais cette chair si charnelle : on joue aux Lego, Meccano, comme s’il était possible de débrancher l’âme. Ou bien, on coupe le corps dans une sublimation souvent délirante : comment toucher autrui sans le faire tout en le faisant et sans que personne ne le sache. Sinon le psy, le maître spirituel, le gourou, le coach ? Les “toits s’envolent” comme nous disons à Jérusalem à propos de certains êtres… Ca décoiffe dans le vide, ce qui paraît souvent une perte de temps.

Tenez, on parle de quoi ? La Shoah ; elle reste “inégalée”. Mais c’est quoi, la Shoah ? On prend des êtres. On les déclare “non-êtres”, donc à détruire. Ainsi, la chair doit être tuée et, surtout, pas de traces ! Disons que nous traversons une période naturellement morbide qui est exacerbée par cette chair qui cherche sa fitness libératoire.

“Le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous plein de grâce et de vérité (Noms divins en hébreu)” (Jean 1,14). L’Eglise orthodoxe requiert que ce texte soit lu, premièrement en hébreu, à Pâque : “bassar\בשר = chair, viande, bonne nouvelle, joie, [ré]jouissance”. Dans le contexte cela veut dire: “Le Verbe s’est fait “juif” et a habité parmi nous”. Ca peut mettre tout le monde mal à l’aise. Il y a eu un choix, divin. On peut vouloir effacer, nier, détester, jalouser ou s’approprier ce fait. Regardez, ce “on” indéfini et collectif: il peut conduire aux pires meurtres, aux orgueils les plus intolérables. “Le salut vient des Juifs”, dit Jésus à la Samaritaine (Jean 4,22). Mais alors, pourquoi pas des Galapagos ? L’ouverture aux Nations à un sens et ce n’est en rien du nombrilisme hypertrophié.

En ce début de 21ème siècle, l’âme retrouverait le corps qui se mirerait dans une âme en recherche d’équilibre. Alors partout ! Partout, on cherche les ossements. D’autres donnent dans l’ADN, mais elle serait clonable ! Il y a des trafics d’ovaires. Les juifs ne touchent pas les morts ; les orthodoxes chrétiens font un “baiser d’adieu (le premier fut celui du mariage)”. Aucun média normal (ou autre d’ailleurs) n’a remarqué que le Rabbinat d’Israël s’apprête à décider si la Loi juive autorise ou réprouve les dons d’organes… Les vents contradictoires prétendent alors que le pays se lancerait dans la vente d’organes, selon une rumeur digne de la rencontre entre les sagas et les contes des mille et une nuits.

Curieusement, le “sexe” n’existe pas en hébreu. C’est court, mais le mot n’a aucun sens en hébreu. “Sexe = couper, séparer; appartenir à un genre masculin ou féminin… il faudrait ajouter “autre” car le vivant est imprévisible”. Le grec “Hexis = lifestyle, mode de vie”. L’hébreu et les langues sémitiques sont bien plus subtiles: “MiN\מין = qui? questionnement sur l’origine = d’où?” Tout comme “la manne = MaNHU\מנהו(א) = qu’est-ce-que c’est?”. Du coup, les relations intimes prennent une autre dimension, chargée de dynamisme et de sens des responsabilités. Il y a même plus: “MiN/qui-MaN/quoi” renvoie à “le’HeMiN\להמין = avoir foi, faire un acte de foi”.

La vie intime et mentale conduit à de tels actes. Ils est plus facile de les décrier que de leur donner pleine mesure car cela exige confiance, effort et don de soi.

“S’il te plaît, dessine-moi un mouton”.

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